Les explosions simultanées hier au Liban de centaines de téléavertisseurs appartenant à des membres du mouvement islamiste Hezbollah, qui ont fait au moins neuf morts et près de 2800 blessés, marquent une « escalade extrêmement inquiétante ».
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Les centaines de déflagrations de ces petits appareils de messagerie, en après-midi dans plusieurs places fortes du Hezbollah, ont plongé le Liban dans un véritable chaos.
Le bilan du ministère de la Santé faisait état d’au moins neuf morts, dont deux enfants, et près de 2 800 blessés. Le Hezbollah a annoncé la mort de six de ses combattants.
Dans un hôpital de la banlieue sud de Beyrouth, des blessés étaient soignés directement dans un stationnement, sur des matelas posés à même le sol et des civières couvertes de sang.
D’autres blessés étaient allongés en pleine rue au milieu des embouteillages. Des habitants se sont précipités pour donner leur sang.
« Les développements marquent une escalade extrêmement inquiétante dans un contexte déjà […] volatil », s’est inquiétée Jeanine Hennis-Plasschaert, coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, exhortant toutes les parties concernées à s’abstenir de réplique.
Piratés à la source
Le mouvement islamiste libanais a accusé Israël d’être « entièrement responsable », tout en assurant que le pays allait « recevoir son juste châtiment. »
Une source proche du mouvement a indiqué à l’AFP que les pagettes « qui ont explosé concernaient une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1000 appareils », qui semblent avoir été piratés à la source.
Le fait que les gens ciblés soient liés au Hezbollah ou des agents de l’Iran diminue les risques d’une guerre générale, estime Julien Bauer, professeur retraité de l’UQAM.
Il rappelle que depuis le 7 octobre 2023, le Hezbollah, allié du Hamas, a intensifié ses attaques de roquettes, drones et bombes, particulièrement au nord d’Israël, où il y a actuellement des milliers de déplacés.
Des enfants tués
Les explosions des pagettes ont tout de même coûté la vie à des enfants, dont le fils du député du Hezbollah, Ali Ammar. Une fillette de 10 ans a également été tuée dans l’est du Liban.
Il y a aussi parmi les blessés toute sorte de monde, rappelle Rachad Antonius, professeur retraité en sociologie, à l’UQAM.
« Des enfants, des civils, des femmes. Ils ne pouvaient pas contrôler exactement qui allait être touché [par l’attaque] », déplore le spécialiste du Proche-Orient.
« Dans la logique israélienne, il fallait récupérer ce qu’ils ont perdu le 7 octobre [2023], soit la respectabilité, la fiabilité et la sécurité de leur armée. Ce jour-là, Israël avait été humilié, maintenant c’est au tour du Hezbollah de l’être », explique Sami Aoun, professeur émérite à l’Université de Sherbrooke.
Selon le politicologue, il est trop tôt pour savoir si l’attaque mènera à une intensification de la guerre.
« Ça pourrait être une décision fatale pour le Hezbollah », avance-t-il.
– Avec l’AFP
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